Le choix des énergies pour vos chariots élévateurs est un enjeu stratégique, porté par des préoccupations environnementales croissantes. Diesel, gaz, électrique ou hydrogène : face à une offre variée, le choix dépend avant tout du contexte spécifique de chaque entreprise, car il n’existe pas de solution universelle. Cet article, basé sur une table ronde interprofessionnelle*, offre un état des lieux des énergies disponibles et des évolutions prévisibles. Sans prétendre orienter les décisions, il éclaire sur les tendances actuelles pour accompagner la réflexion autour de la transition énergétique des chariots élévateurs.
Quel avenir pour les chariots élévateurs thermiques ?
Certains fabricants poursuivent le développement de chariots élévateurs gaz ou diesel. Ils mettent en avant les progrès technologiques apportés à leurs gammes, notamment sous l’impulsion de la norme Stage V. Cependant, ces technologies doivent faire face à des contraintes croissantes :
- Augmentation des coûts d’achat sous l’effet des nouvelles régulations.
- Poids de la taxe carbone, prévue à 100 € par tonne de CO2 en 2025.
- Coûts de maintenance en augmentation.
Les biocarburants constituent une piste envisagée par certaines organisations. Toutefois, leur adoption demeure limitée. Elle reste fortement conditionnée par la politique énergétique globale mise en place par l’entreprise.
Face à ces enjeux, les énergies alternatives pour chariots élévateurs comme les motorisations hybrides, combinant carburant fossile et électricité, peinent à s’imposer comme des solutions viables. Ce contexte favorise une adoption croissante des engins de manutention électriques. Ces derniers sont appréciés pour leur faible impact environnemental. En France, l’électricité, particulièrement décarbonée par rapport à d’autres pays européens, renforce cette tendance.
Ce changement se reflète dans les choix stratégiques de certains fabricants. Ils abandonnent la production de chariots thermiques pour se concentrer sur des versions électriques. Cette dynamique, amorcée avec la transition énergétique de 2016, a conduit en 2020 à un rapport de 1,55 chariot électrique vendu pour chaque modèle thermique.
Les batteries lithium-ion : des promesses, mais aussi des questions
Les batteries plomb-acide ont longtemps été la principale solution pour les chariots élévateurs électriques. Elles jouent encore un rôle central et ne semblent pas destinées à disparaître. Cependant, l’arrivée des batteries lithium-ion dans les énergies pour chariots élévateurs a marqué un tournant grâce à leurs nombreux avantages technologiques.
Avec des cycles de charge ultra-rapides et la possibilité de « biberonnage », cette technologie permet une meilleure flexibilité opérationnelle. Sa durée de vie, annoncée comme étant 2 à 3 fois supérieure à celle des batteries plomb-acide, constitue un atout supplémentaire. Toutefois, malgré une baisse notable des coûts, divisés par trois ces dernières années, les chariots élévateurs lithium-ion restent plus onéreux que les versions dites classiques. Cela peut freiner leur adoption.
Un autre avantage du lithium-ion réside dans les contraintes d’infrastructure liées à la législation. Contrairement aux batteries plomb, qui nécessitent des salles de charge dès que la puissance dépasse 50 kW, les batteries lithium-ion permettent de supporter des puissances allant jusqu’à 600 kW sans obligation de salle spécifique. Cela offre une plus grande souplesse dans l’organisation des sites et simplifie les aménagements nécessaires.
Il faut aussi prendre en compte que la salle de charge représente une perte de surface dans l’entrepôt. Ce coût indirect pourrait être évité, car cet espace pourrait être utilisé autrement, par exemple pour le stockage ou des activités opérationnelles. Cela souligne l’avantage du lithium-ion, qui réduit voire élimine cette contrainte d’aménagement.
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Un apprentissage nécessaire
Malgré leurs atouts, les batteries lithium-ion nécessitent une adaptation importante des pratiques. Les participants soulignent que la gestion des recharges est très différente de celle des batteries plomb. Pour assurer la disponibilité des chariots, il est essentiel de recharger aussi fréquemment que possible. Ce changement requiert un accompagnement client renforcé et une discipline stricte pour éviter tout impact sur l’activité.
Enfin, un point souvent négligé est la couverture assurantielle. Il est crucial de vérifier que les garanties incluent bien l’utilisation de chariot élévateur à batterie lithium-ion.
… et des défis à surmonter
Passer au chariot élévateur à batterie lithium-ion représente un engagement environnemental et opérationnel, mais non sans contradictions. Certes, cette technologie ne produit pas d’hydrogène pendant les cycles de charge, ce qui limite les émissions sur site. Cependant, son empreinte écologique globale est encore sujette à débat, en raison de l’extraction intensive des métaux, de la consommation énergétique élevée pour la fabrication et du transport longue distance des batteries.
Sur le plan du recyclage, le plomb conserve un net avantage, avec un taux de valorisation atteignant 99 %, contre seulement 15 % pour le lithium. Les professionnels appellent d’ailleurs la filière à anticiper la mise en place de solutions de recyclage avant que des contraintes réglementaires ne s’imposent.
Néanmoins, les fabricants s’accordent sur un point essentiel : dans une perspective globale de cycle de vie, le lithium-ion offre un meilleur bilan carbone, réduisant jusqu’à 90 % les émissions par rapport aux chariots thermiques. Même si les impacts environnementaux se manifestent à des moments différents, le lithium semble s’imposer comme une alternative clé pour accompagner la transition énergétique.
Quel avenir pour l’hydrogène ?
Les chariots élévateurs à hydrogène offrent de nombreux avantages, notamment une énergie propre et sans émissions toxiques. Ils offrent en outre une grande efficacité opérationnelle. Grâce à un plein effectué en quelques minutes, ils suppriment la contrainte des cycles de charge et du remplacement des batteries, permettant ainsi un fonctionnement continu, 24h/24.
Le fonctionnement repose sur une pile à combustible qui génère de l’électricité à partir d’une réaction entre l’hydrogène et l’oxygène. Cependant, comme le soulignent les participants, ces systèmes requièrent l’intégration d’une batterie pour assurer la gestion des composants et optimiser leur fonctionnement. Bien que performant, ce double dispositif demande trois fois plus d’électricité qu’un chariot alimenté par des batteries plomb ou lithium, en raison des rendements énergétiques plus faibles.
L’avenir des chariots à pile à combustible dépendra fortement de la production d’hydrogène vert, considéré comme neutre en carbone, mais qui ne représente actuellement que 4 % de la production mondiale. Cet enjeu environnemental est majeur pour faire de cette technologie une solution durable parmi les énergies chariots élévateurs.
Sur le plan financier, les défis sont également significatifs : la production, le stockage sur site et le coût élevé des équipements nécessitent des investissements importants. La rentabilité de cette technologie suppose donc un parc conséquent et une stratégie claire de déploiement à long terme.
Enfin, l’hydrogène pourrait tirer parti d’une mutualisation des usages. Les entreprises combinant son utilisation pour leurs camions et leurs chariots élévateurs pourraient ainsi bénéficier d’économies d’échelle substantielles, facilitant l’intégration de cette technologie au sein de leur flotte.
Conclusion : une transition énergétique à enjeux multiples
Le choix des énergies pour les chariots élévateurs est un enjeu stratégique influencé par les préoccupations environnementales et économiques. Chaque solution, qu’il s’agisse des moteurs thermiques, électriques ou de l’hydrogène, offre des avantages mais aussi des défis. La transition vers des solutions plus durables nécessite des investissements à long terme et une gestion stratégique des infrastructures. Les entreprises devront combiner ces technologies pour maximiser les avantages économiques et environnementaux. Toutefois, « il n’y a pas une technologie unique qui va remplacer toutes les autres », ainsi conclut un participant.
*Synthèse de la Table Ronde « Le choix de l’énergie pour les chariots élévateurs ».
Organisée par Solutions Manutention, en présence de plusieurs fabricants et distributeurs et du cabinet BForklift.