Pare-brise cassée, tablier tordu, flexible arraché, châssis enfoncé, carter éventré ; les chariots élévateurs et matériels de manutention sont parfois soumis à rude épreuve.
Ces exemples, extraits d’une liste bien fournie, entrent dans le périmètre de la casse. Un poste prépondérant de la facturation « hors contrat ».
Face à des taux de casse importants ou des coûts de remise en état élevés, l’installation de détecteurs de chocs sur les chariots élévateurs peut être une réponse adaptée, générant résultats et économies. Cependant, la frontière est parfois ténue : l’investissement peut se transformer en pure perte et les effets désastreux sur le plan social.
Avant d’envisager l’installation de détecteurs de chocs et les bienfaits induits, une réflexion poussée doit permettre d’évaluer les enjeux réels et, surtout, de définir le cadre du projet.
Agir quand la situation dérape
Taux d’immobilisation des matériels en hausse, remontées croissante des techniciens et dégradation générale du parc constituent les premiers signaux d’alerte.
L’extraction comptable souligne une augmentation constante de la facturation hors contrat et des coûts liés à la casse ? La situation n’est pas normale et les ratios sont effectivement à surveiller.
Un monitoring performant dépend du suivi du parc et de la capacité du gestionnaire à identifier clairement les coûts inhérents à la casse par une ventilation de la facturation hors contrat. Il peut s’appuyer sur un outil « maison » ou le portail internet mis à disposition par le fournisseur.
Si les ressources sont limitées et que le traitement des données ne peut être réalisé avec efficience, le client peut également faire appel à ses fournisseurs et leur progiciel de gestion pour soutenir cette démarche d’étude.
Un plan d’action et de progrès sera recommandé dès que les frais induits par la casse représentent 15% à 20% du TCO de façon constante. L’apport d’une solution de détection de chocs pourra compléter et renforcer la démarche avec efficacité.
Quel retour sur investissement ?
Considérant que le coût de mise en place d’une solution de gestion de chocs peut représenter jusqu’à 15% de la valeur d’usage du chariot élévateur, la notion de ROI doit jalonner la réflexion. Si la cartographie des coûts liées à la casse est un prérequis, celle de l’investissement est essentielle pour évaluer le point d’équilibre :
- Coût de la solution (modules de détection, connectivité et logiciel de suivi) à personnaliser en fonction du parc, de la configuration du site et de l’organisation prévue en matière de gestion,
- Coûts de gestion : définir le temps alloué au suivi de l’outil de gestion et à l’accompagnement du changement avec les opérationnels,
- Estimation de la performance : fixer les résultats atteignables en fonction du contexte initial. Viser une réduction du taux de casse de 50% au terme de la seconde année de déploiement est déjà un objectif très ambitieux.
Après avoir validé ces fondamentaux, il conviendra de modéliser l’organisation et de diffuser la communication du projet aux équipes, deux conditions essentielles à sa réussite.
L’organisation, facteur de succès
«On a supprimé les détecteurs de chocs, cela ne nous apportait rien et les caristes passaient leur temps à les rendre inopérants»
Beaucoup voient cet outil comme une finalité, une solution autonome, convaincus que la « peur du gendarme » suffit pour refréner la passion des caristes à vouloir battre le record du tour de site la nuit tous feux éteints.
D’autres ont même été jusqu’à sanctionner financièrement les indélicats. Le chief happiness officer n’était pas encore en poste !
A l’inverse, nous avons rencontré des entreprises ayant misé sur l’humain et une approche co-construite avec les parties prenantes. Les résultats ont été spectaculaires, reposant sur des schémas communs :
- Préparation
Création d’un groupe de travail intégrant des caristes, en vue du cadrage du projet et de la définition de la méthodologie de traitement de l’information remontée par les détecteurs de chocs. - Présentation
Déclinaison du projet et des objectifs auprès des utilisateurs, qui sont informés de l’installation future de détecteurs de chocs sur les chariots élévateurs.
C’est le moment idéal pour rappeler que la finalité de l’outil est d’accompagner un plan de performance ; sa vocation n’étant pas de sanctionner les caristes. - Management de l’information
Mise en place d’une organisation favorisant le retour du système de détection de chocs vers le gestionnaire du parc, puis le partage de l’information avec l’opérateur.
L’objectif doit être de réduire au maximum le délai entre la survenance de l’incident et la recherche des causes-racines de la casse avec le cariste impliqué. - Réflexion collaborative
Le travail d’équipe et la réflexion partagée apportent d’excellents résultats dans les ajustements et solutions à mettre en place. Les problématiques rencontrées par les caristes ainsi que le fait générateur de la casse sont exposées et analysés entre les parties prenantes (exploitation, qualité et sécurité, production, logistique et fournisseur).
Cette approche a pour effet d’envisager la cause-racine et son traitement dans l’environnement global et pas seulement au niveau du cariste et son encadrement. Certains clients ont modifié les flux de circulation des matières, déplacé des zones de stockage, adapté le sens de prise des palettes ou changé la typologie des matériels pour effectuer certaines manipulations.
L’apport des détecteurs de chocs dans la réduction des coûts d’exploitation des chariots élévateurs a largement fait ses preuves dans des environnements pourtant très complexes. Sur la durée de détention des matériels, certains clients ont obtenu un retour sur investissement supérieur à 500%. Ces réussites ont été le fruit de projets structurés, centrés sur l’humain et une approche collaborative.
L’outil de détection de chocs n’est finalement qu’une source de données primaires, incapable d’apporter des solutions. Mais il reste essentiel à la création de valeur tout comme l’organisation mise en place.